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vendredi 29 janvier 2016

La couleur du lait


Comme promis, je vous parle ce soir de ce petit roman que je viens de terminer, un roman court et intense que j'ai adoré. Il s'agit de La couleur du lait de Nell Leyson dont j'ai vu des avis on ne peut plus positifs fleurir un peu partout sur la toile il y a quelques temps. A mon tour de me joindre aux louanges et de vous le recommander sans plus tarder. La couleur du lait raconte l'histoire de Mary, une jeune fille de quinze ans vivant au sein de la ferme familiale au coeur de la campagne anglaise. Elle et ses soeurs triment sous les ordres d'un père violet et autoritaire devant une mère qui reste impassible. Seul son grand-père infirme lui apporte un peu de joie au quotidien. Sa vie change du jour au lendemain lorsque son père l'envoie chez le pasteur Graham afin de l'aider à soigner et tenir compagnie à sa femme malade. Mary a conscience de la dureté de son quotidien, mais elle ne s'en plaint jamais. Pour elle, il s'agit de sa vie, et elle n'en voudrait pas d'autre.


Bien que fondamentalement revêche et opposée à son éloignement de la ferme, on devine facilement l'attachement que développe la jeune fille pour cette femme douce et à l'écoute. La maison du pasteur est un lieu d'émancipation et de découvertes pour Mary qui va y apprendre à lire et à écrire, mais aussi et surtout à découvrir tout un nuancier de sentiments jusque là méconnus. Cependant, elle ne reniera jamais sa famille et restera toujours profondément attachée à ses racines; si elle témoigne d'une curiosité palpable pour ces nouvelles habitudes qu'elle ne comprend pas toujours, elle reste fidèle à son sens critique et à la franchise dont la famille du pasteur semble s'amuser. Qu'importe la difficulté des épreuves qu'elle a eues à traverser à la ferme, elle en parle toujours avec nostalgie, et se plait à rêver de son retour parmi les siens. Car Mary ne se considère pas du tout comme quelqu'un de malheureux, et nous fait nous rendre compte par la même occasion de l'extrême subjectivité de la notion de bonheur, et notre enclin à juger un mode de vie selon nos exigences personnelles. Il y a une scène au début du roman que j'ai adorée, et qui nous montre la grande complicité qui l'unit à ses soeurs, même si elle n'en parle jamais directement. Un matin de Pâques, Mary court sur la colline en leur compagnie pour faire un voeu avant le lever du soleil. Il se dégage de la scène un sentiment si vivace que les jeunes filles envoient au diable les éventuelles conséquences de leur impulsivité (et croyez-moi elles sont loin d'être légères). Ou peut-être que son envie de retourner chez elle témoigne d'un autre sentiment, comme celui de la peur de s'habituer à une vie trop douce qui ne peut être par définition qu'éphémère... Cependant, l'herbe n'est pas plus verte ailleurs, et on a tôt fait de comprendre grâce au procédé narratif que l'émancipation de Mary ne sera que de courte durée; elle lui aura tout au plus servi à nous livrer avec ses propres mots le récit de son tragique destin.


La couleur du lait est un roman court et dense qui ne laisse pas indifférent. Les mots choisis par l'auteur, la construction ainsi que le ton du roman participent à la création d'un personnage unique et si réel que l'on pourrait aisément croire que c'est bel et bien l'esprit vif et honnête de notre héroïne qui incarne la plume de l'auteur. Tout sonne incroyablement juste. C'est d'une beauté brute et sans équivoque. Et ce qui est certain, c'est que l'histoire de Mary n'est pas ce celles que l'on oublie.


5 commentaires:

Bianca a dit…

J'ai beaucoup aimé ce roman aussi court mais très marquant !

Chicky Poo a dit…

Je ne connais pas du tout, mais tes mots et la couverture sont très engageants :)

Anonyme a dit…

Que je suis heureuse de lire un nouvel avis positif <3
Un énorme coup de coeur pour ce roman terriblement intense !

Mrs Figg a dit…

Décidément, nous avons beaucoup de lectures en commun ! J'ai adoré cette histoire pleine d'authenticité.

A-Little-Bit-Dramatic a dit…

Ce roman est dans ma PAL...il est court, donc je pense que je le lirai peut-être au cours de la saison, sachant que le boulot va commencer à me prendre beaucoup de temps et que j'aurais moins de temps pour lire ! ^^ Donc ce genre de petit roman peut être une bonne alternative pour ne pas laisser totalement tomber la lecture. ;) Et il paraît qu'il est génial : ta chronique me conforte dans l'idée qu'il faut que je le lise.