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dimanche 30 août 2015

Un roman anglais

1917, quelque part dans la campagne anglaise. Anna Whig, bourgeoise lettrée, mère d’un petit garçon de deux ans, Jack, persuade son mari Edward d’embaucher par courrier pour sa garde d’enfant une certaine George (comme George Eliot, pense-t-elle). Le jour où elle va chercher George à la gare, elle découvre qu’il s’agit d’un homme. Celui-ci va faire preuve d’un réel instinct maternel à l’égard de l’enfant, et finira pas susciter la jalousie d’Edward, qui pressent l’amour naissant entre George et Anna.

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Avec une grande subtilité, Stéphanie Hochet dresse le portrait d'une héroïne en proie aux questionnements de son existence, de sa place dans la société en pleine mutation, mais surtout au sein de sa famille. Anna laisse libre court à ses pensées qu'elle nous livre sans censure aucune, nous prenant à témoin de son mal-être et de son sentiment d'inadéquation. Elle parle de ses inquiétudes, de la guerre, et des changements que cette dernière a engendré. Elle évoque sa famille, son éducation. Elle parle de ses doutes concernant la maternité, sans pour autant remettre en question l'amour qu'elle porte à son fils. Surtout, elle évoque la façon dont l'arrivée de George a modifié la dynamique familiale.

Un roman anglais n'est pas une histoire d'amour comme le résumé du livre pourrait nous le faire entendre. Il s'agit davantage de mots échappés de la plume d'une femme face à l'absurdité du monde qui l'entoure et des freins que ce dernier a posé à sa liberté. C'est un roman qui transpire la féminité et qui pose délicatement le doigt sur la violence des sentiments inexprimés, réprimés même, et enfouis sous la glace, seul moyen de faire face à leur inquiétante intensité. A force de vivre dans un monde où rien ne doit être dérangé et où il vaut toujours mieux fermer les yeux, comment faire changer une réalité qui ne nous correspond plus ? L'arrivée de George au sein de la famille est l'évènement déclencheur du processus de réflexion d'Anna, tout comme son départ provoque en elle le besoin irrépressible d'agir. Mais la liberté absolue n'est-elle pas un mirage ?

Si Un roman anglais se place dans le contexte de la Grande Guerre et de ses champs de ruines, faisant parfaitement écho à l'esprit tourmenté d'Anna, les questions qu'il soulève restent quant à elles toujours pertinentes aujourd'hui. En bref, un roman court et intense enveloppé d'une plume délicate et intime évoquant l'émancipation féminine de façon aussi honnête que tragique.

Le roman serait en partie inspiré de la vie de Virginia Woolf. N'ayant que très peu de connaissances relatives à l'auteur et son oeuvre, je ne peux pas dire dans quelle mesure le roman lui rend hommage. Ce qui est sûr, c'est qu'il correspond à l'idée que je me fais de ses écrits dont la lecture me tente d'autant plus.


mercredi 26 août 2015

Premier jour/Première nuit

C'est l'été (même s'il est bientôt terminé), c'est le temps des voyages et de l'évasion. Pour ceux qui ne sont pas partis et qui auraient envie de s'échapper par l'imagination, le diptyque Le premier jour et La première nuit de Marc Levy est fait pour vous !

Dans ces deux romans, nous suivons les aventures d'Adrien, astrophysicien et de Keira, archéologue. L'un est en quête de l'heure zéro de l'Univers, l'autre recherche l'homme qui engendra l'humanité. Par la force des choses, ils vont se retrouver et un pendentif va les emmener au coeur d'un périple tourbillonnant fait d'escales à travers le monde. Ce fragment les aidera-t-il à trouver ce dont ils aspirent depuis des années ? L'aventure n'est pas sans dangers et la quête de nos héros sera semée d'embûches. Car il semblerait que ce qu'ils sont sur le point de dévoiler pourrait avoir des répercussions majeures sur notre façon d'appréhender notre existence, et la vie telle que nous l'avons perçue jusqu'alors. Certaines personnes sont bien décidées à les empêcher d'en savoir davantage.

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Entre Paris, Londres, Amsterdam, la Grèce, la Russie, la Chine, l'Ecosse ou encore l'Ethiopie, l'auteur nous trimballe dans une course folle qui ne connait aucun temps mort, et qui nourrira sans aucun doute le lecteur en quête d'aventures. J'ai trouvé que l'atmosphère propre aux différents lieux visités par nos personnages principaux était particulièrement bien retranscrite, et l'auteur parvient à faire défiler devant nos yeux des paysages aux antipodes les uns des autres. Il arrive presque à nous donner l'impression d'être aux côtés de Keira et d'Adrien, même si dans certains cas, nous sommes bien heureux de n'y prendre part uniquement grâce à notre imagination. Je pense plus particulièrement à une scène d'ascension de montagne...

La réflexion amenée par l'auteur sur l'origine de la vie est elle aussi assez intéressante, même si je l'ai trouvée inaboutie. Plusieurs éléments de l'intrigue restent non résolus ou sans explication, et je dois avouer que ça a suscité une pointe de déception lorsque j'ai tourné la page finale. Le rythme effréné de narration met en place une tension à laquelle la fin ne rend pas totalement justice. J'aurais aussi aimé en savoir davantage sur certains personnages. Mais je pense que c'était prévisible face à une intrigue de cette envergure.

Keira et Adrien sont des personnages auxquels on s'attache rapidement. Ils sont passionnés par leurs métiers et l'envie d'apporter leur contribution dans leurs disciplines respectives va bien au-delà de leur volonté de se distinguer et de flatter leur ego. Leur histoire d'amour est touchante, mais ne prend pas le pas sur l'intrigue principale. Elle est au coeur de certaines de leurs décisions, mais les quelques passages un peu mièvres (je dois avouer que l'interpellation à la 2ème personne ne m'a pas beaucoup émue) sont rapidement éclipsés par l'étape suivante de leur quête. 

Certes, il y a des facilités et des coïncidences qui nous font souvent sourire, mais Marc Levy reste un conteur hors-pair. Si vous souhaitez vous plonger dans un bon pavé qui vous emporte dans une aventure unique et passionnante pour épicer un peu votre quotidien en cette fin d'été, foncez sans hésiter.

Le premier jour et La première nuit, Marc Levy, Pocket, 494 p. et 487 p. Mon édition est une intégrale des deux tomes (864 p.)

samedi 15 août 2015

Certaines n'avaient jamais vu la mer

Dans son roman, Julie Otsuka rend un hommage poignant au destin de ces japonaises qui, à la veille de la seconde guerre mondiale, ont migré vers les Etats-Unis en quête d'un avenir meilleur. La forme chorale qu'elle adopte donne au roman un souffle unique qui n'égale que son intensité de narration. Le style décomposé de l'auteur se met au service de toutes ces voix, celles d'héroïnes hors du commun dont la force et le courage ne suscitent qu'admiration. A travers huit chapitres relativement courts, mais particulièrement denses, nous découvrons le parcours de ces femmes, à partir du moment où elles arrivent sur le sol américain jusqu'à la vague d'internement au sein de camps nippos-américains créés en réaction à l'attaque de Pearl Harbor.

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Julie Otsuka se fait l'écho de leurs désillusions, de leurs silences et de leurs joies rares mais précieuses, de leurs douleurs et de la difficulté de l'exil. Mais aussi des mirages qu'étaient les promesses qu'on leur avait faites, et de cette réalité qui vous frappe à la figure et avec laquelle il faut composer. Certaines n'avaient jamais vu la mer est un roman dont la violence aussi discrète que bouleversante laisse une empreinte dont on ne parvient pas réellement à décider de la forme, ni de la force, mais qui ne laissera aucun lecteur indifférent. Autant de voix étouffées et de leçons de vie qui façonne cette petite perle d'abnégation et d'humilité qu'est ce court récit. A lire.

Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka, 10/18, 140 p. 

Sing me a song of a lass that is gone

Avec tout le tapage qu'il y a eu sur la toile ces derniers mois, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de présenter Outlander. Il y a déjà presqu'un an que j'ai regardé le premier épisode de l'adaptation en série, et que je suis tombée amoureuse de son univers. D'abord, des paysages, de l'ambiance et de l'histoire, et puis des personnages, de Claire, et bien sûr de Jamie. Lors de la pause de la série, j'en ai profité pour m'intéresser aux livres dont elle est inspirée et je me suis lancée dans la lecture du premier des nombreux pavés qui constituent la saga.

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Outlander raconte l'histoire de Claire, une jeune anglaise passant quelques jours en Ecosse en compagnie de son mari au lendemain de la seconde guerre mondiale. Sur place, ils visitent plusieurs lieux, dont une plaine en hauteur où se dressent d'imposantes pierres aux allures de menhirs. Attirée, Claire s'approche et fait un bond en arrière d'environ 200 ans. Elle atterrit en plein champ de bataille en 1743... A partir de là, les évènements s'enchaînent, et nous suivons pas à pas ses aventures. C'est à travers ses yeux que nous vivons tous les évènements de l'intrigue et que nous découvrons l'Ecosse de l'époque. Je me suis tout de suite énormément attachée à elle. Infirmière de guerre, Claire est une femme forte et indépendante dont le franc-parler n'a d'égal que son intelligence. Elle se retrouve accueillie au sein du clan Mackenzie, à Castle Leoch, où elle fait la connaissance de Jamie, neveu du Laird du clan, mais surtout notre deuxième personnage principal. Bien qu'encore très jeune, Jamie a un passé douloureux qui le tourmente encore aujourd'hui puisqu'il a sa tête mise à prix et qu'il se cache chez son oncle. Pourtant, il reste un jeune homme optimiste et rêveur. Il est bourré de charme, et tellement courageux. Si vous ne succombez pas, c'est que vous êtes faite de glace, croyez-moi ! La grande galerie de personnages secondaires est quant à elle plutôt réussie également. Tous apportent humour et amitié, mais aussi de la tension et du savoir, voire même un peu de sorcellerie ! Un régal.

Que dire de ce premier tome, si ce n'est que c'est un pavé qui se dévore, mais qu'on a aussi envie de faire durer pour en savourer chaque instant. Des voyages au coeur de l'Ecosse à l'ambiance qui y régnait au 18ème siècle, en passant par les descriptions de paysages qui nous font rêver, tout est fait pour vous emporter. C'est rythmé, drôle, et incroyablement romanesque, mais ce premier tome n'est pas pour autant dépourvu de noirceur. Les intrigues principales ainsi que secondaires s'entremêlent à la grande histoire, on apprend des tas de choses sur les modes de vie de l'époque (bien qu'il ne faille sans doute pas tout prendre au pied de la lettre), sur les clans et sur la façon dont l'Ecosse était organisée et hiérarchisée. L'auteur nous offre un roman qui vous entrainera à des kilomètres de votre salon et qui vous fera retarder l'heure d'éteindre votre lampe de chevet. Bien sûr certains évènements ou coincidences font sourire, mais on se prend au jeu et on fait confiance à l'auteur. Aussi addictif qu'intense, il n'y a pas mieux pour vous dépayser que de franchir les portes de l'univers foisonnant de Diana Gabaldon.

Je meurs d'impatience que la deuxième saison de la série tv (que je vous recommande très vivement) commence, et de déguster le second tome des aventures de Claire et Jamie au fur et à mesure des épisodes !

Outlander, Diana Gabaldon, Arrow Books, 863 p.

jeudi 13 août 2015

Le manoir de Tyneford

Le manoir de Tyneford commence en 1938. Nous faisons alors la connaissance d'Elise Landau, une jeune femme de bonne famille, contrainte de s'exiler en Angleterre en raison du climat politique autrichien. A Vienne, elle laisse ses parents, et sa soeur qui, quant à elle, prévoit d'émigrer aux Etats-Unis avec son mari. Elise devient ainsi femme de chambre au Manoir de Tyneford, au service de Mr. Rivers, le maître des lieux. L'inquiétude quant au sort de ses proches et ses nouvelles conditions lui mènent la vie dure. Elise n'en montre pourtant rien. Petit à petit, elle va s'adapter, et des liens vont se tisser entre elle est les habitants de Tyneford. Elle va apprendre à apprécier sa nouvelle vie, à découvrir d'autres traditions et se forger de nouvelles habitudes. Et très rapidement, elle tombe sous le charme du manoir ainsi que de ses occupants, et réciproquement.

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 "Je ne vis la maison que lorsque nous fûmes presque arrivés. Au-dessus de la cime des tilleuls pointaient des cheminées et une girouette de lation en forme de bateau qui louvoyait et gambillait au vent. On aurait dit qu'elle naviguait sur un océan de feuillage (...). Enfin nous sortîmes de l'allée et Tyneford s'offrit à ma vue. Je n'oublierai jamais cette première vision. C'était un manoir simple et élégant. D'une couleur différente de celle des cottages (...). Ce ne fut pas seulement la beauté du bâtiment qui me frappa cet après-midi-là et bien d'autres après, mais aussi sa situation : rares sont les endroits en Angleterre où la nature a été plus prodigue (...). Une élégante terrasse courait le long de la maison d'où quelques marches menaient à une pelouse soyeuse qui descendait vers la mer. Toutes les fenêtres de la façade donnaient sur cette étendue d'eau étincelante, calme, enchanteresse. Je respirai de nouveau cet air à l'étrange odeur de thym, de terre fraîchement retournée, de sueur et de sel".

 "J'adorais cet endroit. J'aimais son côté sauvage, la mer battant les rochers noirs, le cri des oies cendrées dans le ciel, les oeillets maritimes au sommet des falaises, les couleuvres lovées dans la lande, le chant des pêcheurs, ..."



Je me suis tout de suite prise d'une grande affection pour Elise. C'est une jeune femme incroyablement forte, intelligente, romantique et entière, tout en ayant la tête bien vissée sur les épaules. Mais je suis aussi tombée sous le charme de tous les autres personnages, Kit un peu moins peut-être car je l'ai trouvé assez lisse et immature. La façon dont l'auteur évoque l'exil, avec cette crainte de se perdre, d'oublier le visage de ceux qui sont restés est poignante. On partage la dévotion d'Elise à l'égard des quelques reliques familiales qu'elle a emmenées avec elle. Une robe de sa mère, des perles, le dernier manuscrit de son père (écrivain) caché dans un alto (sa mère est musicienne) (d'où le titre original du roman The novel in the viola - que je préfère en raison de ce qu'il évoque). Ils sont tout aussi précieux à nos yeux qu'aux siens. Je me souviens avoir été bouleversée par une scène à la fin où la métaphore installée par l'auteur autour de ce manuscrit caché nous explose à la figure.

Un passage où Elise parle de ses parents :  "D'habitude, je les voyais dans la maison de mon enfance. Julian écrivait dans son bureau, Anna revenait de son shopping les joues roses, encombrée de paquets enveloppés dans du papier rayé. A présent, je ne savais comment penser à eux. Je n'avais plus d'images en tête, l'écran était blanc".

"Lorsque je pensais à l’Elise de Vienne avec sa vie facile remplie de concerts, de bains parfumés et d’amour familial, j’avais l’impression qu’il s’agissait d’une autre personne".

Le ton du roman est certes nostalgique et mélancolique, mais je ne l'ai pas trouvé triste pour autant. C'est un roman qui est très atmosphérique. Il y a de très jolies scènes plutôt joyeuses qui apportent elles aussi beaucoup au ton général. Mais ce qui a achevé de me convaincre et de m'emporter dans ce tourbillon d'émotions, c'est la façon dont le manoir et la mer prennent part à l'histoire. Ils sont eux aussi des personnages. On sent presque le vent nous fouetter le visage. On entend les vagues le long du rivage. Le manoir de Tyneford nous fait rêver, avec sa rudesse et son luxe désuet. Je vous ai inséré quelques passages évocateurs du talent de l'auteur pour créer des ambiances et donner à un lieu une atmosphère unique. Ceux qui ont lu Rebecca penseront sans doute à Manderley. Pour terminer, j'évoquerai rapidement la fin en demi-teinte que j'ai beaucoup aimée. Je l'ai trouvée à l'image du roman. En ce qui concerne le village de Tyneford, l'auteur s'est d'ailleurs inspirée d'une histoire vraie, elle en parle dans une note finale. J'ai lu que certains considéraient ce livre comme une romance. Certes, il y a un aspect romantique qu'on ne peut nier, mais personnellement, je le vois plutôt comme un roman d'apprentissage sur l'exil, avec une héroïne plus que digne de notre attachement. Je vous le recommande vivement. Quant à moi, je vais me pencher sérieusement sur les autres romans de l'auteur.

Le manoir de Tyneford, Natasha Solomons, Calmann-Lévy, 2012, 456 p. Disponible en poche.

jeudi 6 août 2015

Nous

nous
Paris, Amsterdam, Munich, Vérone, Venise, Florence, Rome, Naples. Le Louvre, le musée Van-Gogh, la place Saint-Marc. Terrasses ensoleillées, trattorias bondées : l'été s'annonce chargé pour les Petersen. Douglas, le père, est extatique. Connie, la mère, est plus mesurée. Pour Albie, leur fils de dix-sept ans, c'est carrément l'enfer. Et pour tous, c'est peut-être l'occasion d'un nouveau départ. 

Je fais partie de ceux qui ont adoré One day de David Nicholls. Je n'ai pas lu ses autres romans, mais j'étais particulièrement emballée à la lecture du résumé de son dernier livre. Un voyage à travers l'Europe en compagnie d'une famille dysfonctionnelle en quête d'un second souffle, je suis partante. Pourtant je ne peux vraiment pas dire que je ressors convaincue de cette lecture.

D'abord, et surtout, je n'ai pas aimé les personnages que j'ai trouvés ennuyeux pour l'un et invivables pour les autres. Tout en prenant des airs de victime, Douglas, le narrateur, porte un regard condescendant sur sa femme et son fils. Son ton plaintif de pauvre malheureux tentant désespérément de faire ou de dire ce qu'il faut m'a rapidement tapé sur le système. Sans parler de Connie et Albie, irresponsables et lâches. Quand on met les trois ensemble, on se demande sincèrement comment ce mariage a pu durer autant de temps.

J'ai aussi été peu convaincue par la structure narrative du roman qui est découpé en chapitres courts alternant le passé et le présent. Nous suivons donc d'un côté la famille Petersen au cours de son périple européen, et de l'autre, nous avons Douglas qui raconte l'histoire de sa famille. Cette double narration plombe le rythme du récit qui se veut pourtant soutenu. Personnellement, j'aurais préféré me trouver davantage dans le présent. Rien n'empêchait d'y intégrer des souvenirs, je pense que ça aurait évité cette sensation de coupure systématique. De plus, les passages dans le passé sont souvent inutilement longs, et on traine les pieds...

Pourtant, certaines des idées abordées sont intéressantes, notamment celle du couple à l'aube de la séparation. Comment appréhender cet entre-deux, comment se dire au revoir sans pour autant se dire adieu, ou encore comment accepter une séparation imposée ? Existe-t-il un geste miraculeux qui fera changer l'autre d'avis ? Autant de questions auxquelles Douglas, en bon scientifique, tente d'apporter une réponse logique. Mais l'ensemble est finalement assez ennuyeux et très prévisible. On tente désespérément de rejoindre les Petersen en Europe, mais Douglas est incapable de rendre compte de l'ambiance d'une ville autrement qu'en décrivant platement ses artères principales. Et je ne parle pas des musées et des oeuvres d'art dont il nous parle. Il est tout simplement barbant. Si on rigole de temps à autre, cela se fait toujours aux dépens du narrateur, ce qui a tendance à lasser au bout d'un certain moment. Je ne parle pas non plus du dernier tiers du livre, où l'auteur ne fait vraiment pas dans l'originalité...

En bref, une belle déception. Je pense que si je m'étais prise d'affection pour le narrateur, j'aurais pu passer un moment sympathique avec ce roman, en dépit de ses autres défauts. Malheureusement, ça n'a pas été le cas.  Si certains d'entre vous l'ont lu (ou pas), je serais ravie de connaître votre point de vue.

Nous, David Nicholls, Belfond, 2015, 477 p.