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dimanche 7 décembre 2014

The rain before it falls

S'il y a une chose que je suis est fière d'avoir accompli en 2014, ce sera celle d'avoir ouvert mon premier Jonathan Coe. Ce dernier fait partie de ces auteurs dont presque tous les écrits me tentent, mais que pour une raison ou une autre, je n'ai jamais lu. Je vis la même chose avec Nick Hornby. Promis, je répare ça en 2015.

The rain before it falls est un roman que j'ai beaucoup aimé et qui m'a beaucoup marquée et émue. L'histoire commence lorsque Rosamund, la tante de Gill, décède. Gill est alors chargée de mettre de l'ordre dans ses effets personnels, et parmi ceux-ci, une enveloppe destinée à Imogen, une personne dont on ne sait pas grand chose, et que Gill tente vainement de retrouver. Après un certain temps de recherche, et ne sachant pas trop comment agir, Gill ouvre l'enveloppe et y trouve un ensemble de cassettes audio qu'elle décide d'écouter en compagnie de ses filles. Le récit laisse alors la  parole à Rosamund qui commence à raconter son histoire, celle de son amie et cousine, Beatrix, ainsi que de la fille et petite-fille de cette dernière. Pour ce faire, elle se base sur une série de vingt photos soigneusement choisies.

Places like this are important to me - to all of us - because they exist outside of the normal timespan. You can stand on the backbone of the Long Mynd and not know if you are in the 1940s, the 2000s, the tenth of eleventh century... it is all immaterial, all irrelevant. 

La narration fait preuve d'une maîtrise assez impressionnante. C'est assez fascinant de voir comment les supports de communication s'imbriquent et se font écho. L'histoire nous est introduite par l'intermédiaire de Gill et ses filles qui, elles, en prennent connaissance par le biais d'enregistrements audio, eux-mêmes reposant sur des photographies. Pourtant le tout nous est livré par voie écrite.

What a deceitful thing a photograph is. They say that memory plays tricks on one. Not nearly as much as a photograph does, in my view. 

Si cela peut paraître compliqué, il n'en est rien. L'ensemble est très maîtrisé, et la narration fluide. J'avoue qu'il m'a fallu un certain temps pour m'attacher aux personnages, et donc à l'histoire. Mais quand j'y réfléchis, je pense que cela fait partie intégrante du récit. Car au fond, qui en est réellement l'héroïne ? Gill, Rosamund, Beatrix, Thea ou Imogen ?

"Well, I like the rain before it falls". Rebecca smiled at that, but I said (very pedantically, I suppose): "Before it falls, though, darling, it isn't really rain" (...) "Of course there is no such thing", she said. "That's why it's my favourite. Something can still make you happy, can't it, even if it isn't real ?" 

J'ai vraiment beaucoup aimé le style de Jonathan Coe, qui est un véritable conteur. Lorsqu'il donne la parole à Rosamund, on entend sa voix, avec les grésillements de la bande son en arrière-plan. Les photographies s'imposent à notre imaginaire, elles sont presque palpables, et on imagine leurs coins cornés et leurs couleurs défraîchies par le temps. C'est assez remarquable, quand on y pense. Le personnage de Rosamund est celui que j'ai préféré. Avec sa personnalité discrète, elle a eu le courage de mener une vie qui ne l'a jamais complètement satisfaite, et qu'elle a pourtant réussi à apprécier. Elle a toujours pu mesurer la grandeur de ses pertes et a appris à vivre avec ses blessures. C'est quelqu'un de lucide et pragmatique, mais qui sait aussi se laisser guider par ses sentiments. Pourtant, le courage de ses opinions lui a manqué à plusieurs reprises (notamment par rapport à Beatrix). Bref, c'est un personnage d'une grande humanité, complexe et tellement beau. J'aurai tellement aimé en savoir davantage sur elle et sur sa vie, finalement très moderne pour l'époque.

As usual, I am supposed to be describing a photograph, and everything has gone higgledy-piggledy. But perhaps there isn't a right order, anyway. Perhaps chaos and randomness are the natural order of things. I sometimes think so.

The rain before it falls vous laissera à la fois nostalgique et mélancolique. Ce court roman (trop court ?) nous livre le destin de trois générations de femmes de façon brillante et très juste. Il parle d'amour, de perte, de chagrin et de blessures dont la cicatrice reste douloureuse malgré les années. C'est un livre qui est habité, qui bouscule les conventions sociales et tente de fissurer leur vernis à la fois fragile et bien trop épais pour dévoiler ce qu'elles cachent secrètement. J'ai parsemé mon billet de quelques passages qui m'ont particulièrement touchée... Ai-je réussi à vous tenter ?

(...) life only starts to make sense when you realize that sometimes - often - all the time - two completely contradictory ideas can be true.

The rain before it falls, Jonathan Coe, Penguin Books, 278 p.

5 commentaires:

Chicky Poo a dit…

J'avais lu "La vie très privée de Mr. Sim" et je n'avais pas du tout accroché, j'avais eu beaucoup de mal à aller jusqu'au bout... Peut-être faaudrait-il que je retente l'aventure !

trillian a dit…

ça donne envie, et je n'ai pas encore lu cet auteur, j'ai pourtant au moins deux de ses romans dans ma PAL.

Emy a dit…

@Chicky Poo, je l'ai aussi dans ma PAL celui-là, ainsi que plusieurs autres. Je te dirai si j'ai plus accroché que toi !
@trillian, même cas pour moi. C'est grâce à mon club de lecture que je l'ai enfin sorti de ma PAL. Maintenant, je ne vais plus laisser les autres dormir si longtemps !

Alicia a dit…

J'avais lu un roman de lui.. Bienvenue au club, il me semble. Et encore maintenant quand j'y repense, je ressens une certaine mélancolie. J'ai ce titre là dans ma PAL :)

Des lectures pour l’automne | The teapot and the armchair a dit…

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