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jeudi 7 juillet 2016

The house on Mango Street

The house on Mango Street figure parmi les classiques du roman d'apprentissage, pourtant je n'en avais jamais entendu parler jusqu'à récemment. Je ne sais plus très bien où, mais ce qui est certain, c'est que j'ai drôlement bien fait de noter le titre et l'auteur, car ce mini roman est une petite perle, et je pense qu'il pourrait plaire à bon nombre d'entre vous qui lisez ce blog.


Sandra Cisneros ne nous raconte pas vraiment une histoire avec un début, un milieu et une fin, elle se fait se succéder toute une série de vignettes qui prennent la forme de chapitres très courts, ne dépassant parfois pas plus d'une demi page. Le contenu de celles-ci est assez divers, mais toutes ces petites touches délicates et poignantes ont pour point commun leur narratrice, Esperanza Cordera, une jeune fille qui vient d'emménager avec sa famille dans une maison sur Mango Street, un quartier hispanique de la banlieue de Chicago. Un peu à la manière d'un journal, Esperanza nous livre ses pensées, ses aspirations et ses questionnements. Elle tente de comprendre avec ses yeux qui ne sont plus tout à fait ceux d'une enfant, ni ceux d'une adulte, les comportements de ceux qui l'entourent. Elle nous parle beaucoup des femmes qu'elle côtoie au quotidien et qui l'influencent, tout en cherchant à s'en démarquer et à rêver d'une autre vie. Pourtant, les yeux d'Esperanza ne portent pas de jugements, et on sent en la jeune fille un farouche attachement à ses racines, même si ses envies d'émancipation et d'ailleurs restent prédominantes.

Extrait :
My name.
In English, my name means hope. In Spanish it means too many letters. It means sadness, it means waiting. It is like the number nine. A muddy color. It is the Mexican records my father plays on Sunday mornings when he is shaving, songs like sobbing.It was my great-grandmother's name and now it is mine. She was a horse woman too, born like me in the Chinese year of the horse - which is supposed to be bad luck if you're born female - but I think this is a Chinese lie because the Chinese, like the Mexicans, don't like their women strong.My great-grandmother. I would've like to have known her, a wild horse of a woman, so wild she wouldn't marry. Until my great-grandfather threw a sack over her head and carried her off. Just like that, as if she were a fancy chandelier. That's the way he did it.And the story goes she never forgave him. She looked out the window her whole life, the way so many women sit their sadness on an elbow. I wonder if she made the best with what she got or was she sorry because she couldn't be all the things she wanted to be. Esperanza. I have inherited her name, but I don't want to inherit her place by the window (...)

Le style de Sandra Cisneros est plein de poésie et de sincérité. Le roman est rythmé non seulement par cet ensemble de vignettes, mais aussi par la construction des phrases qui est particulièrement intéressante par ce qu'elle apporte en spontanéité et authenticité. Il y a énormément de poésie qui se dégage de ce récit, mais aussi beaucoup de lucidité, et c'est ce qui lui donne, selon moi, son côté unique. The house on Mango Street est une parenthèse dans la vie d'Esperanza qui nous fait découvrir ses pensées les plus intimes et poignantes, comme les plus légères. Toutes auront un rôle dans la femme qu'elle est en train de devenir, tout comme ses livres dont elle nous parle peu, mais dont la simple évocation traduit leur importance à ses yeux. Je sais que c'est un roman qui restera longtemps avec moi, un peu comme A tree grows in Brooklyn, dont l'héroïne n'est pas sans évoquer la jeune Esperanza. J'espère sincèrement qu'il sera un jour traduit en français, car c'est un petit bijou. En attendant, j'invite celles et ceux qui lisent en anglais à ne pas hésiter, vous ne le regretterez pas.

♥ | The house on Mango Street, Sandra Cisneros (1992), Bloomsbury Publishing, 2004, 110 p. Lu en anglais. Pas de traduction française à ce jour.

1 commentaire:

Chicky Poo a dit…

Comme à ton habitude, tu sais donner envie. Cela dit, je ne sais pas si ça me plairait, mais pourquoi pas ! En tous cas, je le garde car je connais des gens à qui ça pourrait plaire... et cette année Noël (oui, déjà !) sera fait de livres :D